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Pas moins de 4 futurs podcasteurs m’ont demandé conseil ces derniers mois, avant de se lancer dans leur propre aventure. Cela confirme à mon petit niveau les tendances qui se dessinent plus globalement à l’échelle du monde : le podcast a le vent en poupe !

Si vous n’avez pas encore franchi le pas, c’est plus facile que jamais. Vous disposez désormais de pléthore d’outils et de services (dont les pionniers de l’aéropostale dans mon genre n’osaient même pas rêver il y a une dizaine d’années).

Vous trouverez de nombreux articles qui vous expliquent par le menu comment s’y prendre pour se lancer (par exemple ici), mais ce que ces articles ne vous donnent pas, ce sont les clés de la réussite. Vous êtes prêt·e ? Roulement de tambour,  On y va !

1. Authenticité et intimité

Chaque média (et chaque médiateur·trice !) a ses propres codes ; on parle, écoute, écrit, regarde, bouge d’une certaine manière, qui n’est pas la même d’un média à l’autre, d’une chaîne à l’autre, d’une émission à l’autre. Ces codes donnent des repères rassurants, mais ils mettent fatalement de la distance entre l’émetteur et le récepteur : il y a « nous », les émetteurs, les pros, qui délivrons le message en respectant ces codes, et « vous » le public qui n’avez pour seul choix d’accepter sagement ces codes ou de zapper si vous n’êtes pas content·es.

Sur les médias visuels (TV, Youtube), on a carrément l’impression d’assister à une représentation. Et c’est très difficile pour les spectateurs de se sentir proche de l’hôte. C’est un peu moins vrai à la radio : aucune image n’y est imposée, l’imagination peut construire des ponts ; on apprend à reconnaître les voix, on s’y attache. Mais la radio elle aussi a ses codes. Son ton particulier. Ses rituels étranges… Les animateurs qui se tutoient hors-antenne se vouvoient dès que le signal « ON AIR » s’allume, créant une fois encore une distance qui interdit une authentique connexion émotionnelle.

Un podcast n’est tenu de respecter aucun de ces codes. Il faut bien sûr un minimum de professionalisme : les intervenants ne doivent pas s’interrompre sans cesse ni parler en même temps (comme dans une conversation hors-antenne entre personnes civilisées, en somme), on doit pouvoir identifier l’intervenant·e, il faut une identité sonore distincte (un nom, un générique, des jingles…) Mais au-delà de cela, pas besoin de faire la tronche pour sembler  « professionnel ». Pas besoin de mettre une distance inutile entre les intervenants. Pas besoin de distance journalistique systématique… Au contraire ! Les histoires des animateur·rices·s partagées à l’antenne permettent de mieux les connaître. Et leur joie non-dissimulée à se retrouver derrière le micro est communicative et invite à la fidélité.

Sur Podcast Science, en discutant avec notre public, on s’est rendu compte qu’on n’était pas seulement écouté pour les sujets et la qualité du contenu, mais également par attachement à l’équipe ou à certain·es de ses membres. D’ailleurs quand un·e membre du podcast lève le pied ou quitte l’équipe, une partie du public s’en va aussi.

Un podcast auquel on s’attache est animé par une personne – ou une équipe – authentique et accessible. N’hésitez pas être simplement vous-même à l’antenne, à communiquer sur vous (vos motivations sur le choix des sujets, vos doutes, vos remises en questions, votre positionnement personnel, etc.), et ne dissimulez pas votre plaisir. C’est aussi pour cela qu’on vous écoutera 🙂

2. Storytelling

S’il va de soi dans la plupart des domaines que le storytelling est non seulement un excellent véhicule de communication (favorisant la mémorisation) doublé d’une approche très efficace pour obtenir de l’attention et de l’engagement, cela n’est en revanche pas toujours complètement intégré par les différents protagonistes de la communication scientifique… À commencer par les scientifiques eux-mêmes !

Or, s’il y bien caractéristiques humaine commune à toutes les époques et toutes les cultures, c’est bien notre capacité à raconter et écouter des histoires. Notre cerveau est câblé pour la forme narrative. Contrairement à des faits bruts, qui ne veulent rien dire pour la plupart des gens, une histoire produit du sens. Elle peut inclure les même faits, mais on y ajoute simplement un fil rouge : un début, un milieu, une fin, d’éventuels rebondissements. Cette recette toute simple permet de captiver son auditoire. Une fois qu’on a entendu le début, on veut connaître la fin… C’est plus fort que nous… En bon Homo sapiens, on ne sera à nouveau tranquille qu’une fois la résolution connue.

Feu de camp et storytelling. Photo by the National Parklands. Creative Commons 2.0 (share with attribution) https://www.flickr.com/photos/nps_wear/

Photo by the National Parklands. Creative Commons 2.0
https://www.flickr.com/photos/nps_wear/

Il est important aussi que l’histoire soit accessible au plus grand nombre. Evitez les acronymes (ou a minima explicitez-les) et le vocabulaire spécialisé. Si en écoutant le podcast, on commence à se demander ce que peut bien vouloir dire telle ou telle expression, on perd le fil, et avec, tout l’intérêt pour le contenu…

Un podcast qu’on écoute raconte des histoires. Trouvez le bon angle pour chaque épisode ; celui-ci sera parfois historique, biographique, ou articulé autour d’une tension (avant/après, problème/solution, …). Un podcast qu’on écoute emploie un vocabulaire simple et propose des exemples parlants auxquels on peut se raccrocher. 

3. Etat d’esprit conversationnel

Plutôt que d’audience, quand il s’agit de Podcast, je préfère parler de communauté. Une communauté d’intérêt, au départ (nous partageons la même passion pour la science), qui petit à petit se transforme en communauté d’apprentissage et de pratiques. Sur Podcast Science, par exemple, il arrive régulièrement que des auditeurs proposent spontanément un coup de main (retranscriptions d’épisodes, hébergement durant les événements IRL du podcast, etc.) Ceci dit, je pense à deux notions disctinctes ici en parlant de « conversations » :

a. L’esprit conversationnel du média podcast

Le podcast, c’est un peu la version audio du blog. Les frontières entre émetteurs et récepteurs sont plus floues que dans les médias traditionnels. Il n’est pas rare d’ouvrir son blog ou son podcast à des invités. La possibilité de publier des commentaires et d’engager des conversations fait partie de l’ADN du média, tout comme les discussions sur les réseaux sociaux. Créer un podcast – ou un blog, ou une chaîne Youtube pour le coup – c’est un acte de courage et de vulnérabilité. Certains commentaires seront cons et injustes et peuvent – doivent ! – être ignorés. Mais la plupart seront utiles et bénéfiques, même si parfois durs à encaisser. Voyez cela comme du peer-reviewing grandeur nature ; les commentaires vous permettent de corriger le tir si vous dites une bêtise, d’intégrer une perspective à laquelle vous n’aviez pas pensé, bref, de rendre votre podcast toujours meilleur. Soyez en conversation permanente avec d’autres podcasts aussi. Invitez-les chez vous. Faites-vous inviter chez eux. C’est le meilleur moyen de vous faire découvrir et d’élargir votre communauté !

Conversation de Minions

Crédits : Leo Valente, Pixabay

b. L’esprit conversationnel de la communication scientifique

En cet âge troublant de fake news, faits alternatifs et autres bulles cognitives, il est plus important que jamais de permettre au plus grand nombre d’acquérir les outils de la pensée critique pour démêler fiction et vérité et ne pas se laisser entraîner dans trop de délires. La méthode scientique – malgré tous ses défauts – est probablement l’approche la plus aboutie pour garder la tête froide et déjouer les pièges. Les podcasts scientifiques ont un rôle important à jouer dans l’acquisition et la maîtrise de ces outils. Il est tout particulièrement indiqué dès lors de promouvoir ces derniers avec discernement et humilité. S’attaquer frontalement aux croyances des gens est le moyen le plus certain de les faire fuir à tout jamais. Je ne parle pas uniquement ici de croyances religieuses, mais de toutes sortes de croyances qui ne font aucun sens d’un point de vue scientifique, mais qui sont pourtant largement répandues (attitudes anti-vaccination, anti-OGM, anti-évolution, déni du changement climatique, pro-homéopathie/« médecines » alternatives, etc.) S’il fallait encore une preuve que les faits seuls ne suffisent pas à convaincre, celle-ci est de taille. Le problème, quand on s’attaque frontalement à ces croyances, c’est qu’on désavoue leurs tenant·es dans leur identité-même, ce qui ne passe jamais bien. S’entendre dire qu’on a tort par des scientifiques perçus comme arrogants n’a jamais aidé personne à changer d’avis. En revanche, la validation de la personne en dépit de ses croyances différentes, la bienveillance et un dialogue constructif peuvent faire des miracles (allelujah. Pun intended 😉)

Credits: makeameme.org

Un podcast fait partie d’un écosystème où chacun·e a une place et une voix, et tout à gagner à écouter les autres !

 

4. Régularité

Dans les pratiques et les attentes du public, un podcast, c’est tout d’abord un rendez-vous.

Peu importe que votre podcast soit quotidien, hebdomadaire, bimensuel ou même mensuel, le tout, c’est de vous tenir à la fréquence une fois que l’avez fixée. Au moment de la rédaction de ce billet, un de mes podcasts préférés est Mystificascience, une série d’été d’Adrien Zerbini en podcast natif pour CQFD (l’émission-phare de sciences  (radio) de la Radio Télévision Suisse). Je sais que les épisodes sont publiés le lundi et je serais super déçu si je ne trouvais le dernier épisode dans mon podcatcher en l’ouvrant aujourd’hui.

Adrien est un pro, il sait qu’il n’a pas intérêt à décevoir ses poditeurs préférés, il est donc fidèle au rendez-vous tous les lundis.

Ne pas être pro n’est pas une excuse, ceci dit. Quand on crée une attente, mieux vaut l’honorer. D’ailleurs ne dit-on pas que de la contrainte naît la créativité ? Si vous attendez de tout peaufiner jusqu’à la perfection, votre prochain épisode ne sortira probablement jamais, alors qu’en vous présentant au rendez-vous, si 🙂

 

Vous commencez quand ?

Ci-dessous quelques ressources utiles pour vous lancer. Mais si vous avez besoin de coaching pour démarrer, surtout n’hésitez pas à nous contacter. Nous allons nous entendre !

Dans tous les cas, bonne chance !

À bientôt !

Alan

 

Pour en savoir plus

Analyses et tendances du phénomène podcast

Solution intégrée en français pour gérer votre podcast (hébergement, flux RSS, promotion auprès des annuaires de podcast et du public)

Musiques et jingles libres de droits

Créer son logo en ligne (si vous n’avez pas d’amis graphistes :p)

Conseils techniques (équipement matériel, montage, etc.)

 

Autres sources et références

Storytelling