Organisé conjointement par le Café des Sciences et le Carrefour numérique², le premier rassemblement des vidéastes scientifiques francophones s’est tenu les 21 et 22 janvier 2017 à la Cité des sciences et de l’industrie, à Paris. Big Bang Science vous présente cinq points à retenir de cet événement riche en enseignements. (photo © Stéphane Debove)
« Un moyen de communication inédit »
« YouTube est un moyen de communication inédit, avec une approche beaucoup plus directe qui permet à chacun de communiquer avec tout le monde », a noté Lê (des chaînes Science4All, Wandida et ZettaBytes) lors de la table ronde sur l’engouement pour les vidéos scientifiques. Pour lui, YouTube perpétue cette tradition de la transmission orale en recherche scientifique, et surtout en maths (notamment lors de séminaires). Bon point pour la plateforme : en plus, les vidéos sont visibles à tout moment et à volonté !
Vidéastes, pas YouTubeurs
Acermendax, de La Tronche en Biais, a également profité de ce festival pour mettre les points sur les i : « Nous sommes des vidéastes, pas des Youtubeurs. YouTube est une marque : nous sommes des réfrigérateurs, pas des frigidaires ! »
Prenons garde à l’avenir...
Un public masculin et européen
YouTube permet-il vraiment de communiquer avec tout le monde ? Pas si sûr : d’après les statistiques fournies par la plateforme, l’audience des chaînes de sciences semble majoritairement masculine, Européano-centrée et âgée de moins de 50 ans. Un constat noté dès 2015, lors de l’étude réalisée par Science de comptoir sur 12 chaînes membres du collectif Vidéosciences. Des résultats à prendre toutefois avec des pincettes, comme l’avait souligné David Louapre (Science étonnante) lors d’une conférence à Lyon Science en 2016.
Pour outrepasser les biais du système de statistiques de YouTube, Léo Grasset (DirtyBiology) calibre ses stats sur ceux de sa page Facebook : « sur YouTube, je dois avoir 20 % de femmes pour 80 % d’hommes. Sur Facebook, c’est plus du 40 %-60 % ». Mais cela n’explique pas tout : Lê relate une petite expérience réalisée par Christophe, d'Hygiène mentale. En comparant les statistiques YouTube, le zététicien a découvert un public beaucoup plus féminin sur les chaînes de pseudosciences que sur les chaînes de sciences… sans pour autant parvenir à l'expliquer.
YouTube, un moyen de rajeunir la télévision ?
« L’âge moyen d’un téléspectateur de documentaire scientifique en France est de 58 ans », constate Ségolène Fossard, productrice à l’agence de presse audiovisuelle Découpages. En revanche, la moitié du public de Léo Grasset (DirtyBiology) affiche entre 15 et 25 ans. Comment rajeunir cette audience à la télévision ? Quelles idées piocher sur YouTube ?
Intervenante lors de la table-ronde “Pourquoi venir sur YouTube quand on est professionnel de l’audiovisuel ?” animée par Léo Grasset, Ségolène Fossard souligne un paradoxe : « YouTube a 10 ans, mais très peu de choses dans la télé d’aujourd’hui ont été injectées grâce à YouTube. C’est un vrai problème de lenteur qu’on a, nous, les producteurs, les chaînes, les diffuseurs… » Si YouTube est parfois considéré en filigrane comme l’avenir de la télévision, il est aussi un véritable vivier de talents pour les producteurs : « les vidéastes ont déjà leur style et leur public. »
RIP la YouTube money : les vidéastes ne roulent pas sur l’or, au contraire !
Voilà un mythe qui en prend pour son grade : celui des vidéastes bling bling nageant allègrement dans un océan de petites coupures, sous des flots de champagne millésimé. En 2016, Tania Louis a réalisé une étude sur la situation professionnelle des vidéastes scientifiques… prolongée par une table ronde au Festival Vidéosciences, avec les créateurs des chaînes DirtyBiology, Un Peu Pointu, Primum Non Nocere, Balade mentale et Xil’Cast.
Le portrait qu’ils brossent est assez pessimiste : « Environ 50 % des vidéastes ne sont pas dans une situation professionnelle stable à court ou moyen terme », écrit Tania dans son étude. Pis encore : pour la moitié des vidéastes, le bilan financier est négatif ! Eh oui, le matériel coûte cher... En définitive, seuls 5 vidéastes parmi les 106 interrogés parviennent à vivre de leurs vidéos.
Cette étude illustre un questionnement plus vaste : quel modèle économique sur YouTube ? Et si la solution était dans le financement public des vidéastes scientifiques ?
Pour aller plus loin :
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